CLERGE DE
DOL à la Révolution.
CLERGE DE LA CATHEDRALE
Urbain-René de Hercé, dernier évêque
et comte de Dol, l'un des dix-neuf enfants de Jean de Hercé et
de Françoise Tanquerel, naquit à Mayenne le 6 février 1726. Il
fut promu à cet évêché le 19 avril 1761.
Neuf vicaires
généraux (1) l'assistaient dans l'administration de son
diocèse; dix-sept chanoines composaient le chapitre de sa
cathédrale. Adversaire résolu des réformes qui amenaient la
suppression de son évêché, il quitta Dol le 1er avril 1791
pour se retirer dans sa famille et fut interné en la ville de
Laval avec tous les prêtres insermentés de la Mayenne. Le 2
octobre 1792, il demanda son passeport afin d'aller à
Saint-Malo s'embarquer pour Jersey, où il se rendit avec son
frère, l'abbé François. Revenus en France l'un et l'autre avec
les émigrés qui débarquèrent à Quiberon. ils furent pris et
fusillés à Vannes le 28 juillet 1795.
(1). Voir dans Les
Confesseurs de la Foi les notes biographiques que M. Guillotin
de Corson a consacrées à ces dignitaires, tous étrangers au
pays de Dol.
CHAPITRE.
Louis-Alexandre
Lenormant, 59 ans. chanoine et grand-chantre, titulaire de
la chapelle des Avents. Originaire de Nantes, où il périt
victime des Noyades de Carrier, le 15 novembre 1703, dit M.
l'abbé Tresvaux (2).
(2). Histoire de la
Persécution en Bretagne, I, 484.
Michel-Joseph Thoumin des Vauxponts, chanoine, archidiacre
et vicaire général. 56 ans; chapelain de Saint-Blaise et
Sainte-Catherine, en la collégiale de Saint-Merry, à Paris :
refusa l'évêché de la Mayenne, auquel il avait été élu le 12
décembre 1790. Interné à Laval, puis reclus à l'ancien couvent
de Patience, où il occupait avec son collègue Songé la chambre
n° 22; ces deux chanoines obtinrent du directoire du
département de la Mayenne, le 20 août 1792, l'autorisation
d'aller à Granville s'embarquer pour Jersey. Leur embarquement
eut lieu le 27, sous la surveillance de Louis Corbineau,
commandant du bataillon de la garde nationale de Laval, qui
avait été chargé de les accompagner. Mort à Dorchester, près
d'Oxfort, le 2 mai 1796, d'après M. Perrin(1).
(1). Les Martyrs du
Maine, II, 285.
François de Hercé, abbé de l'abbaye
de Saint-Pierre-de-Chezal-Benoît au diocèse de Bourges, prieur
du prieuré simple de Saint-Saturnin-sur-Loire et chapelain de
la chapelle de Saint-Thomas-de-Kernitrou au diocèse d'Angers,
chanoine et vicaire général. 57 ans. Accompagna
continuellement son frère et évêque et subit le même sort.
Louis-Guillaume du Faou, chanoine,
trésorier, 64 ans.
Gilles Deric, docteur en théologie,
prieur de la chapellenie de Saint-Jacques-de-la- Tréhairais,
en Saint-Servan, et de Notre-Dame du château de Fougères (2),
chanoine, vicaire général, official né à Saint-Coulomb le 30
mai 1736, réfugié à Jersey, mort dans cette île, à
Saint-Hélier, le 8 octobre 1800.
(2). Comme titulaire de cette chapellenie,
il touchait :
Les revenus de la métairie de Vaugarnie. . 624 l. » s.
Une rente sur les moulins de la Kanchée. . 150 »
— sur le domaine du roi à Fougères. 418 »
— sur le clergé............. 25 »
— sur le fief de la Martinais..... » 9
Total.......1,217 l. 9 s.
et de plus une pension viagère, sur l'abbaye de Carnonat, de
3,000 liv.. suivant un acte de donation en date du 3 avril
1780.
Louis-François
Pitel. né à Saint-Servan le 0 avril 1128, de Louis Pitel
et de Jacquemine Lecardonnet; chanoine titulaire de la
chapelle Saint-Anne de Dol, qui se desservait dans l'église
paroissiale de Saint-Servan (1) se rendit à Rennes le 2 mai
1792 pour obéir à l'arrêté du département du 14avril (2) et
logea chez M, Argentais. Le 2 juin il demande à revenir à Dol,
ce qui lui est accordé; il y arrive le 4 et y prête le serment
d'allégence. Le 1er mars 1794, il abdique ses fonctions
sacerdotales, abdication qu'il déclara « faite par-violence »
et rétracta le 11 juillet 1796. Le 8 mai 1794, il fut reclus
au Mont Saint-Michel, malgré un certificat de civisme délivré
par la municipalité, et fut probablement l'un des libérés du
11 mai en vertu de l'arrêt de Lecarpentier du 23 floréal an II
(12 mai); il rétracta son serment le 1 mai 1797 et mourut à
Saint-Servan, rue de Ville, au domicile de Jugelet, le 11
septembre suivant.
(1). De plus, il
desservait la chapelle Saint-Michel-Ledoré, dépendante du
chapitre, mais pour le compte d'un sieur Rogon, qui en était
le titulaire.
Joseph-François Portier, ancien
principal du collège et chanoine de Dol, né à Bonnemain, de
Gilles-François Portier et de demoiselle Gillette Bouvet,
décédé à Dol le 12 janvier 1191, à l'âge de 52 ans.
Pierre-Jean Sébille, originaire de
Roz-sur-Couesnon, 53 ans, chanoine. Emigré à Jersey, où il
mourut le 2l novembre 1793.
Guillaume-Jean Dubourne Chef du Bois,
prieur du prieuré du Crouaix, paroisse du Crouaix, évêché de
Saint-Malo, chanoine, 40 ans.
Hyppolite-Marie Modeste du Margaro,
né à Baguer-Pican, de Prudent-Pierre du Margaro et de
Françoise-Henriette-Marie de Saint-Meleuc. chanoine; est dit
émigré rentré et présumé caché à Baguer-Pican en octobre 1191.
Etant revenu muni d'une carte de sûreté du général Brune pour
exercer le culte catholique dans l'ancienne cathédrale (13 mai
1800), il refusa de signer sa soumission aux lois. Décédé le
3l mai 1804, âgé de 43 ans, dans sa maison de la Martinière,
en Baguer-Pican, paroisse dont il était desservant.
Jean-Ambroise Songé, chanoine,
théologal, 30 ans, originaire de Mayenne. Proclamé élu le
premier des officiers municipaux le 27 janvier 1790, et nommé
aumônier de la garde citoyenne, il prêta le serment exigé des
fonctionnaires publics le 5 février et donna sa démission le
14 novembre. Le 7 octobre 1191, il déclara à la mairie de Dol
se retirer dans son pays natal. Enfermé à Laval avec son
collègue Joseph Thoumin, il fut son compagnon d'exil à Jersey,
où sans doute lui aussi mourut.
Pierre-Louis du Feu. 45 ans.
chanoine. Le 18 mai 1792, il écrit aux administrateurs du
directoire du district de Dol : « Comme depuis le mois de
février 1791 J'ai quitté Dol et ai fixé mon domicile dans le
district de Rochefort. départ du Morbihan..... »
Théodore-Jean Bouvais, 57 ans,
chanoine, qui ne siégea jamais depuis le jour de son
installation. En 1792, il était retiré chez son frère,
administrateur de la Loire-Inférieure, où il dut prêter
serment. Le 4 février 1795, fait déclarer à la municipalité de
Dol qu'il a l'intention de fixer sa résidence à Franciade,
ci-devant Saint-Denis, département de Paris.
Nicolas-Jacques Destouches,
originaire de Granville, 63 ans, titulaire de la chapelle de
Kerdaniou. paroisse de Lannillis, évêché de Léon; ancien
commissaire des Etats de Bretagne, prédicateur éminent,
chanoine depuis 1764.
Noël-François Gallery de la Tremblaye,
23 ans, neveu de l'évêque, était chanoine et titulaire de la
chapelle de Blaisois. Il prêta serment et se maria (1).
(1). Abbé Charles Robert, Urbain de Hercé,
p. 245.
Armand-Paul Gault, 27 ans, chanoine.
Le 9 août 1792 il déclare à la municipalité qu'il se retire
dans sa famille, à Tours. Le 10 décembre 1801, une lettre du
sous-préfet avise le maire de Dol qu'un arrêté du ministre de
la police l'a rayé de la liste des émigrés.
Joseph-Gaspard-Hyacinthe Toullier de la
Ville-marie, né à Saint-Broladre, de Charles-Bonaventure
Toullier et de Anne-Claire Davy; prêtre, chanoine; résida à
Dol jusqu'au 4 mai 1792, puis à Paris jusqu'en septembre,
enfin à Bruz, chez son frère le jurisconsulte, où il était,
encore le 22 février 1793, date à laquelle le district de Dol
le raye de la liste des émigrés, sur laquelle il l'avait
induement porté. Vient à Dol le 30 juillet 1795, y signe,
ainsi qu'il l'avait fait à Rennes, une déclaration de
soumission aux lois purement civiles, est arrêté de nuit le 30
septembre suivant à Baguer-Morvan, puis relâché.
Le 2 janvier 1796, on le dit caché chez son frère, ou à Rennés.
Arrêté à Dol, ainsi que ses deux sœurs, le 20 juin 1797, pour
avoir dit la messe chez celles-ci en présence de plus de dix
personnes, est renvoyé des fins de la plainte par le directeur
du jury de Saint-Servan. Le 8 octobre, il est dit présumé
caché à Dol.
Arrêté de nouveau le 16 juin 1798, le juge de paix le renvoie
à Rennes pour être jugé comme émigré rentré devant les
administrateurs du département, qui le condamnent à la
déportation à l'île de Ré par arrêté du 29 thermidor 116 août
1798). Mort à Saint-Georges-de-Grehaigne. en sa demeure de
Villée, le 19 décembre 1837, âgé de 83 ans.
Joseph-Marie Roquet, prêtre,
secrétaire du chapitre, fut nommé à la cure de La Fresnaye le
1er juillet 1790 et n'en prit possession que le 1er septembre.
Refusa de prêter serment et passa à l'étranger.
Jean-Josseaume, diacre d'office,
originaire de Normandie. Le 15 mai 1792 déclare se retirer à
Avranches, où il était titulaire de la chapellenie de
Saint-Etienne, érigée en la cathédrale de cette ville.
BAS CHŒUR.
Philippe Jenne, premier vicaire.
Originaire d'Auvers (Manche), élu curé constitutionnel de
Roz-Landrieux le 29 mai 1791. Décédé le 11 mars 1793 à l'âge
de 48 ans.
Pierre-Nicolas Ozouf, 31 ans. second
vicaire, déclare le 30 avril 1792 se retirer dans le district
de Coutances, dont il est originaire.
François-Bertrand Pinel, né à Dol,
paroisse Notre-Dame, le 5 mars 1745, de Jean Pinel et de
Jeanne Hamelin, troisième vicaire et sous-chantre, insermenté.
Rentré à Dol en 1801, amnistié en juin 1803. Administra la
paroisse de Saint-Marcan de 1803 à 1825. Mort à Dol le 2
octobre 1827.
Thomas-Antoine Renard, 39 ans,
quatrième vicaire. Elu curé de Feins le 29 mai 1791 et
installé le 18 septembre. Marié à Feins le 22 germinal an 11
(11 avril 1794) avec une de ses paroissiennes. Jeanne Nogues,
âgée de 32 ans. Divorcés à Dol le 7 nivôse suivant (27
décembre), l'époux habitant Dol et sa femme habitant Feins.
Jean-François Josseaume, diacre, né
au Vivier-sur-Mer, fils de Guillaume et de Françoise Lecompte,
frère de Guillaume Josseaume, le recteur de Vildé-la-Marine;
émigré, rayé de la liste en février 1802, décédé recteur de
Langan le 22 janvier 1825. à l'âge de 67 ans.
SUPPOTS DE CHŒUR.
François Le Mesle, 34 ans, ancien
chantre à l'abbaye royale de Saint-Sever, au diocèse de
Coutances, sous-diacre, avec un revenu de 631 livres. — Nommé
professeur de philosophie le 1er avril 1791 au collège de Dol,
il prête serment le 17; devient vicaire à Paramé. puis curé de
Combourg en 1792. Arrêté et mis en prison à Dol le 6 avril
1794. conduit au Mont Saint-Michel le 11, élargi le 17 mai, il
demande à s'établir comme instituteur à Combourg (26 juin),
puis y renonce et vient habiter Dol, où il s'enrôle dans la
garde nationale.
Jean Amelïne, prêtre sacristain,
avec le titre à vie, 40 ans, 676 livres de revenus. Passé à
Jersey.
Clément Miellé, du diocèse de
Langres, maître de Psallette avec le titre à vie, marié à Dol,
trois enfants; revenus, 1,380 livres.
Louis-Magloire-Laurent Bisson, ancien
musicien de la cathédrale de Coutances, chantre haute-contre,
29 ans, 536 livres de revenus. Le 25 janvier 1791, la
municipalité écrivait à son sujet : « Il est jeune, le nouvel
ordre de choses lui offre des ressources dont le
rétablissement de sa santé pourra lui permettre de profiter. »
— Prête serment le 17 avril, devient vicaire de Monthuchon
(Manche), puis curé de Roz-sur-Couesnon (22 avril 1793). Le 26
décembre, il renonce à toutes fonctions ecclésiastiques, et le
22 mai 1794 déclare se retirer à Coutances.
Pierre-Louis Vadet, basse-taille,
originaire de Quettre-ville (Manche), marié à Dol, quatre
enfants, revenus..................... 616 liv.
Nicolas Leveillé, haute-contre, marié à Dol.
revenus.................... 476 liv.
Pierre Jacob, basse-contre du diocèse de Besancon,
marié, revenus........... 464 liv.
Louis Herbert, massier depuis dix ans, revenus. 180
liv.
Louis Chesnel, porte-verge...... id. . . 100 liv.
Julien Sillart, sonneur de cloches.. . id. . . 437 liv.
Pelé et Yvon, grands enfants de chœur.
Couin, Daumer, Tinténiac et Pinel,
enfants de chœur.
Sillart et Amice, basseliers ou choristes.
Les enfants de chœur étaient au nombre de quatre, nourris et
entretenus par le chapitre et la fabrique et instruits par un
maître chargé de leur montrer à lire, écrire et le latin. Une
fois reçus, ils étaient assurés d'y rester jusqu'à 16 et 17
ans et d'y jouir de ces avantages. Avant d'en sortir, ils
étaient trois à quatre ans grands enfants de chœur, et en
cette qualité percevaient une place de chœur qui leur
rapportait 100 livres par an. Les basseliers percevaient
également entre eux deux une place de chœur qui leur
produisait à chacun 72 livres par an.
Source : Delarue, District de Dol, Commune de
Dol, 1905.
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